Reconnaitre le triangle dramatique

Ce triangle dramatique ou triangle de Karpman, du nom d’un psychologue américain, met en évidence un jeu de rôle, un scénario relationnel typique entre victime, bourreau et sauveur. Ces rôles sont symboliques, une même personne peut changer de rôle.

Ce mode relationnel est caractéristique des relations que peuvent entretenir les pervers narcissiques avec leur victime/ proie. La victime attire ce qui lui correspond et ce qui lui manque. Le pervers narcissique attire ce qui lui correspond et ce qui lui manque.

Il est important de noter que le « pervers narcissique » ou la « proie » n’existent pas en tant que tels. Il serait plus juste de parler de personnes aux comportements de type « pervers narcissique » ou de type « proie ». Le choix de cette réduction est fait ici pour alléger la lisibilité de l’article. Se souvenir qu’une personne ne peut être résumée à un comportement, même s’il est dominant.

Mise en place du triangle dramatique :

Dans un premier temps,…

…la proie recherche inconsciemment une personne qui peut l’aider, la soutenir, dans une période difficile de sa vie. Le manipulateur se positionne alors en  « sauveur » d’une proie en position de demande affective et donc de « victime ».

La proie pourra attirer son bourreau en exprimant le besoin d’être aidée dans une période de vie personnelle ou professionnelle délicate. Par ce comportement naturel, elle alertera le sixième sens du prédateur qui viendra immédiatement se positionner en tant que « sauveur » idéal par sa perfection apparente. En répondant à sa demande, il provoquera chez sa victime un sentiment de reconnaissance qui peut la piéger dans un lien dont elle ne pourra se défaire.

Dans un deuxième temps,…

… vient la période où la proie se sent investie par le désir de « sauver » le manipulateur, non encore révélé comme tel, de la souffrance qu’il exprime. Le manipulateur saura brillamment parler de son enfance douloureuse, de ses blessures, de ses espoirs et désespoirs qui vont immanquablement attendrir la proie en demande de jouer le rôle valorisant de « mère Téresa » ou de « Saint-Bernard » . Laissant son hyper empathie brouiller sa conscience, la proie pensera peut-être agir de manière humaine, aimante, généreuse alors même qu’elle ne fera que répondre à son besoin inconscient bien que déjà bien marqué de retenir à elle l’individu dont elle est devenue addict sans le savoir. En le « sauvant », elle crée un lien puissant et inconscient qui la protège du sentiment d’abandon. A travers son propre mécanisme de valeurs, elle ne peut imaginer que la personne qu’elle aide et soutient avec tant de cœur puisse l’abandonner.

Dans un troisième temps,

…durant les crises découlant irrémédiablement de la relation d’emprise perverse, la proie devient un « persécuteur » pour le manipulateur qui se pense « victime » de la menace d’être dévoilé.

La dernière étape voit la violence primitive du prédateur fondre sur sa proie qui revendique légitimement la position de « victime » d’un « persécuteur » cette fois bien défini pour elle.

Des rôles qui tournent …

Le manipulateur se trouve nommé comme « bourreau » ou « persécuteur » pour une proie qui se trouve elle-même piégée dans le rôle de « victime », ou inversement, suivant la position de celui qui observe.
A travers son filtre de lecture, le bourreau estime être « victime » d’une proie ingrate et délirante qui n’a qu’une idée en tête : lui nuire. Ce qui d’ailleurs n’est pas loin d’être vrai.
La proie comme le manipulateur passent tour à tour par tous les stades du triangle dramatique de Karpamn, qui porte bien son nom ! Tout est donc une question d’étape dans la relation ainsi que de point de vue…

Comment sortir du triangle dramatique ?

Impliqué dans l’un ou l’autre de ces rôles, il y a enfermement dans un triangle émotionnel qui ne peut se briser que par la conscience de celui-ci et par un travail sur la confiance et l’estime de soi. Il est essentiel d’avoir conscience de la position que l’on adopte à ce moment précis, afin de s’en libérer.

Seule la conscience et la volonté nous en libère. Devenant un observateur dynamique, sans jugement ni critique, nous atteignons la neutralité d’un détachement constructif.  (Schmit, 2015).

Ne pas emmener les autres dans le registre de la violence est un échec pour un pervers, c’est donc le seul moyen d’enrayer la propagation du processus pervers (Hirigoyen, 2003).

Pour Racamier, il « n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s’en sortir indemne. »

En résumé

Bourreau – Victime – Sauveur, les trois rôles sont piégés dans une recherche constante et inconsciente les uns des autres. C’est un piège relationnel qui se ferme sur la personne essentiellement à cause de son manque de confiance et d’estime de soi.

Pour aller plus loin…

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Sources

Schmit, G. (2015). Le manipulateur pervers narcissique. Comment s’en libérer? Editions Grancher.
Schmit, G. http://soutien-psy-en-ligne.fr ou/et https://pervers-narcissiques.fr
Hirigoyen, M.-F. (2003). Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien. La Découverte.


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