Centre…et agitation périphérique

L’arrêt de l’activité automatique du mental révèle notre Centre, établit en lui-même.
Cette conscience profonde, ce Centre qui voit, c’est le Témoin immobile, permanent, qui nous fait participer à l’énergie cosmique, au-delà de notre incarnation matérielle. Qu’on le nomme le Soi, l’Être, le Centre , c’est une richesse commune à tous les hommes, source d’amour, de vie, de créativité, que, pour la plupart, nous cherchons à l’extérieur, alors qu’elle est en nous.

Que se passe-t-il si notre conscience périphérique (mental) ne s’apaise pas?

Comment ce Centre, qui est immobile, permanent, peut-il s’identifier à la conscience périphérique, essentiellement instable puisqu’elle est reliée aux sollicitations extérieures par l’intermédiaire des sens ?
Comme un diamant qui reflète la couleur du support sur lequel il est posé. Au lieu de rester pur et transparent, il se teinte. On peut imaginer qu’une humeur passionnelle, violente [colère, indignation] va le colorer en rouge, une humeur sombre [peur, dégout, découragement] le colorer en noir. Le langage populaire est éloquent :  voir rouge, avoir des idées noires. 

Le Centre (conscience profonde) va refléter les états changeants du mental (conscience périphérique) au sens large, le monde change alors à nos yeux. Il n’est plus l’expression de la réalité mais celle de notre subjectivité. On s’identifie à cet état passager, comme le conducteur d’une voiture peut s’identifier à son véhicule, un homme riche à ses richesses, un homme puissant à son pouvoir.
Nous ne nous rendons pas compte de cette identification : un mental agité fait écran, comme une eau agitée empêche de voir le fond, et le mental ne peux pas connaître le Centre parce qu’il est d’une tout autre nature. 
On ne peut qu’enlever les obstacles, calmer cette agitation qui fait écran. 

Alors, comme l’eau calme laisse voir le trésor au fond de l’eau, le mental apaisé révèle notre Centre qui nous permet d’accéder à la réalité.

Comment apaiser le mental ?

L’arrêt des pensées automatiques est un effort énergique pour s’établir en soi-même, dans un esprit de lâcher prise.
– L’effort dont il s’agit est l’effort d’attention, nécessaire pour être présent, vigilant, disponible.
– Lâcher prise : c’est à dire ne pas rechercher les fruits de l’action tout en faisant aussi parfaitement que possible ce que l’on doit faire. La recherche d’un résultat n’a rien à voir avec l’action elle-même. Escompter un résultat, c’est se projeter dans l’avenir, et l’action, elle, ne peut exister que dans le présent.
Différentes pratiques qui nous ramènent dans le corps peuvent nous y aider. Ce peut être la méditation, le yoga, les arts martiaux, la respiration consciente, …

Exemple de la pratique du Yoga

La posture symbolise bien cette attitude mentale. Il n’y a pas de posture sans structure et celle-ci s’établit grâce à des points de fermeté. Cet état d’établissement dans le Centre ne peut s’installer que si on relâche toutes les tensions inutiles, au niveau musculaire, respiratoire et mental. Pratiquer le Yoga, c’est être ici et maintenant, trouver l’équilibre, intégrer les contraires.
Pratiquer, ce n’est pas rechercher des postures difficiles et compliquées, contraindre son corps avec volontarisme pour obtenir souplesse ou puissance physique. Ce n’est pas chercher à copier parfaitement une forme, mais, à travers un travail approprié du corps, atteindre, dans la posture, cet apaisement du mental.


Source

D’après l’ouvrage Yoga-Sutras. PATANJALI. Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel. (1991)

Illustration mise en avant : Oeuvre tirée du Livre Rouge de C.G. Jung


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