La bonté

Une bonté naturelle ?

La nature prédispose naturellement l’être humain à la bonté. Ceci a été constaté au travers de recherches en neurobiologie, psychologie du bébé, économie expérimentale, etc. Même les guerres et les génocides sont plus facilement explicables par des processus psychosociaux et de contexte (conditionnement général des esprits, soumission à l’autorité, augmentation de la distance physique entre le tueur et ses victimes) que par un prétendu atavisme biologique. Ainsi les connaissances scientifiques contemporaines viennent aujourd’hui contredire la conception égoïste de l’être humain, diffusée par la majorité des économistes. Celles-ci nous invitent à porter sur l’être humain un regard « optiréaliste » et à envisager l’émergence d’une société convivialiste.[1]

Bonté et amour

La bonté ouvre à un mystérieux discernement des intelligences et des cœurs […]. La bonté tient à ceci qu’elle ne met pas en relation deux êtres dans une relation unique d’amour, qui soit un amour pleinement humain. Outre qu’il lui manque l’appétit du désir qui n’est pas seulement désir de possession, mais désir de l’autre et d’être à l’autre, et à lui seul, outre ce trait distinctif que la bonté soit asexuée et totalement désérotisée, elle vise seulement dans l’être ce qui se donne à voir, et qui touche, qui affecte et qui fait mal, et qui invite impérativement à l’action bienfaisante, mais elle ne s’adresse pas à l’être tel qu’il est.[2]

Une force élémentaire ?

En juillet 1943, Etty Hillesum écrit depuis le camp de transit de Westerbork : « la détresse est grande, et pourtant il m’arrive souvent le soir, quand le jour écoulé a sombré derrière moi dans les profondeurs, de longer d’un pas souple les barbelés, et toujours je sens monter de mon cœur – je n’y peux rien, c’est ainsi, cela vient d’une force élémentaire – la même incantation : la vie est une chose merveilleuse et grande, nous aurons à construire un monde entièrement nouveau et, à chaque nouvelle exaction, à chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit supplément d’amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes. » [3]


[1] Lecomte Jacques. L’être humain est naturellement prédisposé à la bonté, Revue du MAUSS, 2018/1 (n° 51).
[2] Terestchenko Michel. La littérature et le bien (II). Le prince Mychkine, l’homme parfaitement beau. Revue du MAUSS, 2013/1 (n° 41).
[3] Villela-Petit Maria. Etty Hillesum ou l’itinéraire spirituel d’une jeune femme au milieu d’un désastre historique. Transversalités, 2011/1 (N° 117).

Illustration mise en avant : Œuvre de Léon Bonnat


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