L’hypersensibilité

L’hypersensibilité concerne plus d’une personne sur cinq. Cette particularité n’est pas une spécificité humaine et se retrouve également dans les populations animales. La méconnaissance de cette particularité et les retours de l’entourage peuvent donner l’impression aux personnes hypersensibles d’être « trop » sensibles ou trop réactives. Au fil du temps, elles pourront avoir l’impression d’être inadaptées, perdant confiance et estime d’elles-mêmes.

Sensibilité et stimulations

Les contacts avec l’environnement activent plus ou moins notre système nerveux. Le bien-être est maximal quand la stimulation n’est ni trop forte ni complètement absente. Une activation insuffisante nous rend amorphe, inefficace. Une sur-activation nous rend maladroit, sème le désordre dans nos idées. Nous ne parvenons plus à réfléchir, notre corps n’est plus coordonné, nous perdons les pédales. La stimulation idéale est un juste milieu. Cela s’applique à tous le monde, et c’est facilement observable chez les bébés qui détestent s’ennuyer ou, au contraire d’être sur-stimulés.

Le degrés d’activation du système nerveux diffère considérablement d’une personne à une autre, dans la même situation, face aux mêmes stimuli.

Caractéristiques des personnes hypersensibles

Les personnes dites hypersensibles ont des profils hétérogènes : introverties (70%) ou extraverties (30%). Sans forcément cocher la totalité des items suivants, leur hypersensibilité concerne :

  • les bruits, les sons,
  • les odeurs, les goûts,
  • les lumières, les couleurs,
  • les produits chimiques,
  • le toucher,
  • la foule, l’humeur des autres, les ambiances,
  • la faim, la caféine,
  • les ondes,
  • les arts, la musique…

Ainsi, leur hypersensibilité est de nature sensorielle et émotionnelle.

Le cerveau des hypersensibles est-il différent ?

Le cerveau des hypersensibles capte et traite une multitude d’informations. On observe davantage de connexions neuronales. De même, les neurones miroirs, impliqués dans l’empathie, sont très actifs. L’espace qui relie cerveau droit et cerveau gauche est plus gros parce que davantage d’informations circule entre les deux hémisphères. Un surcroit d’activité est également observable dans d’autres zones du cerveau.
Les régions cérébrales impliquées dans le processus de récompense, la mémoire, l’homéostasie, l’empathie, l’attention et la relation aux autres fonctionnent différemment.

Les hypersensibles et leur environnement

Si pendant l’enfance l’environnement est en mesure d’accueillir et d’accompagner cette singularité, l’enfant hypersensible apprend à se connaitre ; il tire partie de l’atout que représente cette sensibilité.
Si au contraire l’ environnement juge l’enfant comme « trop » sensible, trop réactif/émotionnel, l’enfant se vit comme incompris, inadapté au groupe dans lequel il vit. Il ne peut nourrir amour de soi, confiance et estime de soi. En proie à des réactions/émotions trop fortes, son désarroi sera grandissant.
L’hypersensibilité est difficile à vivre tant qu’elle n’est pas reconnue. Rejeter son hypersensibilité c’est avant tout rejeter sa vraie nature parce que cela revient à se cliver, à se couper d’une partie qui nous constitue. Un tel contexte prédispose à la fixation d’empreintes émotionnelles à l’origine de troubles affectifs, mal-être, anxiété, dépression, troubles somatiques,…

Intégrer le précieux que représente l’hypersensibilité

C’est dans le calme, la solitude et au contact de la nature que les hypersensibles se rechargent le mieux. Ce retrait leur permet de se protéger de l’environnement extérieur et d’éviter l’épuisement. De tels moments leur laissent vivre leur monde intérieur si riche, et souvent si original.
Apprivoiser leurs émotions, les reconnaitre, repérer les besoins sous-jacents qu’elles traduisent, permettent aux hypersensibles de mieux se comprendre, s’accepter, s’affirmer. Ainsi, ils cheminent vers la réparation de leur estime de soi, la sécurité intérieure, et le déploiement de leur être au monde.

Les hypersensibles vivent souvent la découverte de leur hypersensibilité comme une révélation. Aussi, cette étape va largement contribuer à un processus de connaissance et acceptation de soi.
Ils réalisent que ce qu’ils perçoivent n’est pas perçu de tous. Dans ces conditions, la réaction des personnes moins sensibles est naturelle et compréhensible…C’est ainsi qu’ils pourront expliquer ce qu’ils vivent à leur entourage. En effet, la compréhension de ce qu’est l’hypersensibilité par les personnes moins sensibles qui vivent à leur coté leur est très précieuse. Elle est de nature à nourrir la qualité du lien pour chacun.

In fine, l’aptitude des hypersensibles à percevoir les subtilités du groupe social et les détails de leur environnement, associées à leur empathie, leur permettent de nouer des relations profondes et authentiques. Leur intuition, leur capacité d’observation et d’intégration d’informations multiples et complexes peut s’avérer être un cadeau de la vie, ouvrant la porte des valeurs humaines, de l’art, de la créativité sous toutes ses formes. Dans ce cas, être plus sensible équivaut à être plus vivant, à mener une vie riche de sens (:)), plus intégrée dans la société, voire même plus spirituelle.

Pour aller plus loin…

Cet article vous aura peut-être interpellé/e ? Je reçois sur rendez-vous (06.82.57.63.22) à mon cabinet ou par téléphone/ visio. Ma pratique thérapeutique est centrée sur la gestalt-thérapie mais pas seulement. Pour mieux me connaitre ou prendre contact par messagerie, consulter la page présentation.

Sources

Elaine N. ARON – Hypersensibles – Mieux se comprendre pour mieux s’accepter. Editions Marabout (2019). Première édition en langue francaise sous le titre « Ces gens qui ont peur d’avoir peur » aux Editions de l’Homme (2013). Edition originale « The Highly Sensitive Person » (1996).
sites web :
http://www.hsperson.fr/https://www.leshypersensibles.ch/https://www.hypersensibles.com/https://www.sereinehypersensibilite.comhttps://www.lucyetic.fr/

Illustration mise en avant : Œuvre de Christian Schloe


Reproduction autorisée de l’article sous réserve de respecter l’intégralité du texte et de citer la source www.psy-gestalt-nancy.com