Rationnel et irrationnel

Naturellement, l’homme moderne a tendance à accorder prééminence à la sphère qu’il maîtrise, bien connue, plutôt qu’à celle dans laquelle il est le jouet de forces irrationnelles, et sur laquelle il n’a aucune influence. Il est donc normal qu’il estime davantage l’esprit rationnel que la nature.

L’être rationnel/ irrationnel – Objectif/subjectif

Ainsi, l’homme moderne considère les pulsions et les sentiments comme un langage uniquement subjectif, irrationnel, potentiellement dangereux. Par contre, la connaissance et la maîtrise objective de la vie basée sur un « Moi rationnel » le rassure. S’attacher à cette opposition érige des barrières qui arrêtent et refoulent la vie jaillissant des profondeurs de l’inconscient. Alors la réalité se limite à ce que reconnait le « Moi rationnel ». De cette façon, l’homme s’empêche dans la réalisation de sa personne toute entière. Au lieu d’une union du « Moi rationnel » avec l’Être essentiel qui mène à l’épanouissement, apparait une opposition dans laquelle l’homme exclut et rejette la nature.

La déconnexion aux forces de la Grande Nature

L’homme se fie principalement à tout ce qui est établi, compréhensible de façon rationnelle. Et il ressent la nature comme irrationnelle et imprévisible. Il lui accorde peu de valeur ou il la condamne même. Il se réfugie dans sa tête. Alors la tête et le corps sont clivés, séparés. L’un est vu supérieur et l’autre inférieur, l’un noble et l’autre commun. L’un représente l’esprit lumineux et l’autre la matière ténébreuse. L’humain ne voit finalement dans la nature, dans son corps, que l’abîme menaçant, l’ennemi de sa réalisation.
En se fermant à l’instinctif, à l’impulsif, aux émotions, il se ferme aux forces de la Grande Nature qui le porte, le forme et le libère. Au fur et à mesure qu’il coupe les racines qui le relient à la vie universelle, il s’enfonce sur une fausse voie. C’est alors le lieu de la déconnexion, de la désincarnation, de l’illusion. En s’appuyant uniquement sur les forces du Moi pensant, il perd le contact avec ses racines, il se dessèche, la sève se tarit. En s’attachant à des représentations, à des valeurs pauvres et non naturelles, il s’éloigne de son Être essentiel et l’intégration de son Moi dans celui-ci. Pourtant, cet Être essentiel n’aspire qu’à jaillir du plus profond de sa personne.

La tendance à déprécier la nature, à la réfuter, est compréhensible à un certain moment du développement humain. L’inconscient apparait par la poussée des pulsions, des passions ou l’expression de l’Être essentiel. Cette pression vient potentiellement menacer un monde soigneusement ordonné par le Moi. Pourtant ces forces autonomes et imprévisibles sont la force de vie intacte de l’Être tout entier qui aspire à la conscience. Mais l’émergence de cette conscience est réduite au silence par cette partie du Tout qu’est le Moi égocentrique.

L’homme complet

Ce qu’est l’homme dans son essence est un don qu’il a le devoir d’accomplir. L’homme ne sera complet que dans la mesure où son Soi sera la réalisation de son Être essentiel. Il ne sera pas « complet » tant que son Moi se tiendra éloigné de son Être essentiel. Pour y parvenir, il lui faut reconnaître le monde des sentiments, de l’intuition, de la souffrance et de l’âme. Concrètement, il a à trouver son centre juste dans son ventre, dans son Hara, là où il le situe souvent dans son cœur, voire dans sa tête…

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Sources

Karlfried Graf Dürckheim HARA centre vital de l’homme. Le Courrier du Livre.1989

Illustration en avant : Œuvre de Carl Gustav Jung


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