Burn-out et opportunités de changement

Qu’est-ce que le burn-out et que révèle-t-il ?

Le burn-out est le fait de s’user ou d’être épuisé après avoir sollicité de soi trop d’énergie ou de ressources. Ces ressources sont d’ordre physiques, mentales, émotionnelles. Il s’agit d’un processus progressif même s’il donne l’impression de survenir tout d’un coup.

Le burn-out révèle un malaise existentiel singulier et social. Il questionne la place du travail dans nos vies et dans notre fonctionnement psychique. Il soulève des questions identitaires, interroge le sens, les valeurs et interpelle notre être tout entier.

Les différents stades du burn-out

L’épuisement émotionnel. Il s’agit d’un épuisement physique et psychique. La personne se sent « vidée » et son repos n’est que peu (voire pas) réparateur. Elle peut vivre des explosions émotionnelles : irritabilité, crise de larmes ou de nerfs, nervosité accrue, angoisse, etc. Cet épuisement peut aussi donner lieu à des difficultés de concentration.

La déshumanisation de la relation à l’autre. Sans prise en compte de l’épuisement émotionnel, la personne se désengage progressivement de la relation à l’autre. Un détachement, une sécheresse relationnelle apparaissent pouvant toucher quelquefois au cynisme. L’Autre est chosifié.

Le sentiment d’échec. Finalement, la personne vit progressivement une perte de sens qui vient affecter douloureusement son sentiment d’accomplissement personnel. Elle commence à douter d’elle, de sa capacité à aller vers les autres, à agir sur les événements, … et apparait la dévalorisation de soi, la culpabilité, la démotivation.

Des causes multifactorielles

Les facteurs de risque de burn-out sont à la fois internes à la personne et dépendants de facteurs externes.

causes burn-out
D’après M. Delbrouck (cf source)

Se remettre debout

Les acteurs

L’exposition au risque de burn-out et l’origine de ce syndrome sont différentes pour chacun. Aussi, une prise en charge individuelle et spécifique est nécessaire. Ce sont le médecin traitant et le psychothérapeute qui accompagneront la personne dans sa restauration.
Des ressources sur le lieu de travail existent également. En effet, le médecin du travail, la direction des ressources humaines, l’employeur, le délégué syndical, le responsable de service, peuvent observer l’épuisement de la personne, alerter, et aussi contribuer à mener des changements. Bien sûr, cela requiert une entreprise/institution où l’accueil de la personne et le dialogue au travail sont privilégiés. Cet article n’aborde pas les changements dans le milieu professionnel propres à prévenir le risque psycho-social.

L’accompagnement thérapeutique

Les premières étapes

L’accompagnement consiste en différentes phases très progressives, respectueuses du rythme de la personne. Au départ, il s’agit avec la personne de comprendre et dégager les différentes facettes de ce qui se vit. C’est aussi repérer les symptômes physiques de cet épuisement. Cette étape nécessite patience et persévérance car la souffrance du burn-out est souvent ignorée ou déniée. Ensuite,un bilan à plusieurs niveaux permet de faire un état des lieux de cet épuisement.

En se reconnectant à son corps, la perception des inconforts corporels et l’émergence du vécu émotionnel vont l’aider à prendre conscience de son épuisement. Cette étape est indispensable pour qu’elle accepte la prise en charge et l’abandon pour un temps de ses obligations professionnelles.

Les étapes de mi parcours

Prendre du temps, se laisser sentir dans quel état elle se trouve, oser parler avec ses proches, réactiver des relations délaissées, s’octroyer enfin du temps de sommeil, de repos, de réflexion vont l’aider à se retrouver. Néanmoins, la personne peut vivre cette suspension comme un échec, et contre son propre intérêt, souhaiter retourner travailler. Prisonnière de certaines représentations de sa profession, de messages culturels ou sociétaux inconscients, elle peut vouloir reprendre aveuglément son activité. Résister à cet automatisme, c’est recommencer à vivre à un autre rythme, sans avoir peur du temps qui passe. Il s’agit aussi de lâcher prise et de ne pas prendre de décision pour l’instant.

Plus tard, quand la personne a récupéré et se sent mieux, il s’agit de réfléchir avec elle sur la manière de fonctionner à l’avenir dans le travail, et d’apprendre à anticiper les écueils. Des résonances entre sa situation professionnelle et son histoire personnelle peuvent apparaître. L’ensemble de cette réflexion va de pair avec la recherche de sens, des valeurs personnelles qui lui tiennent à cœur, sa conception du rapport au travail et à la vie. Peut-être que ce sera la première fois que la personne s’autorise à prendre du recul avant de décider.

Les étapes avancées

A un moment donné, la personne a récupéré de son épuisement physique et psychique, même si elle reste fragilisée par cette épreuve. L’arrêt de travail lui a permis de prendre conscience et d’acquérir une distance psychologique à la fois vis à vis de la problématique en cours (burn-out, harcèlement professionnel, exigences de travail trop importantes, environnement inadéquat, etc) mais également vis à vis de sa fragilité ou de l’inadéquation de ses réponses. En parallèle de sa reprise progressive du travail, elle doit poursuivre son accompagnement et sa recherche de sens au risque de rechuter.

Le lien avec la personne qui l’a accompagnée, qui a été témoin direct de son parcours, de ses changements, est un facteur sécurisant. Le réapprentissage de la vie professionnelle et de la vie tout court se fait dans l’interrelation. Les réflexes d’isolement, de retrait, de vouloir en sortir seule, de se réfugier dans le surcroit de travail ont été suffisamment conscientisés pour alerter la personne en cas de récidive. La personne ayant retrouvé son autonomie pourra envisager avec son thérapeute de terminer la thérapie. La séparation sera évoquée progressivement et suffisamment à l’avance pour se faire de façon sécure et préparée.

Conclusion

La prise en compte médicale et un accompagnement adapté, profond et soutenant, sont indispensables en situation de burn-out. La personne s’en sort d’autant mieux qu’elle accepte une remise en question de son environnement professionnel, de ses modes de fonctionnement physique et psychique.

La capacité de s’arrêter, d’analyser ce que l’on a vécu, et ce que l’on vit, d’interroger notre philosophie de vie est une chance extraordinaire de modifier la trajectoire de notre existence.

Pour aller plus loin

Cet article vous aura peut-être interpellé/e ? Je reçois sur rendez-vous (06.82.57.63.22) à mon cabinet ou par téléphone/ visio. Ma pratique thérapeutique est centrée sur la gestalt-thérapie mais pas seulement. Pour mieux me connaitre ou prendre contact par messagerie, consulter la page présentation.

Source

Michel Delbrouck. Comment traiter le burn-out ? De Boeck Supérieur. 2021. (2ème édition).

Illustration mise en avant : artiste non identifié


Reproduction autorisée de l’article sous réserve de respecter l’intégralité du texte et de citer la source www.psy-gestalt-nancy.com