Violence psychique, emprise et manipulation

La violence psychique

De quoi parle-t-on ? La violence psychique agit par moquerie, jugement, mépris, indifférence qui viennent blesser, parce que l’auteur est généralement une personne de l’entourage, aimée, appréciée, avec laquelle on peut avoir des liens amoureux, de travail ou d’amitié.
Il y a agression de la représentation de soi par les jugements négatifs, délibérés, forts sur des éléments relevant de notre identité, de notre apparence physique, de nos compétences, de nos attitudes…Ses réactions et attitudes surprennent, ne font pas « sens ».

La violence psychique se produit aussi lorsqu’une personne s’approche très près de nous, dans une proximité vécue comme trop forte, menaçante.
Et elle se produit également lorsqu’une personne que l’on connait bien, avec laquelle nous sommes en relation, se montre complètement indifférente à notre présence, en faisant comme si nous n’existions pas ; en ne répondant pas à nos questions, en nous ignorant, en faisant semblant de ne pas nous voir.
Dans ces deux situations, la personne qui se retrouve envahie dans son territoire physique, ou seule dans l’incompréhension face à l’indifférence de l’autre, peut ne pas se sentir bien. Elle peut se sentir en danger, menacée sans savoir pourquoi puisque rien n’est dit ou expliqué.

L’emprise

Toutes ces violences ont un impact très négatif sur la personne qui en est victime si celle-ci n’a pas suffisamment confiance en elle-même et ne sait pas se protéger.
Alors, la violence psychique porte atteinte à la sécurité psychique de la personne qui la subit. Elle l’amène à se remettre en question, à douter d’elle-même, à se culpabiliser, à avoir peur, à se sentir menacée, ou à être terrorisée. La violence psychique devient l’outil de l’emprise psychique.

Une personne qui est sous emprise psychique vit un état de peur, sinon de terreur, un état de confusion mentale, un état de grande fatigue nerveuse et de doute. Elle semble perdue, ne sachant plus qui elle est, ce qu’elle est et ce qu’elle veut.
Sous emprise, elle semble avoir perdu son libre arbitre, sa capacité à réfléchir, à décider, à choisir; elle devient docile, répondant aux attentes, aux désirs quels qu’ils soient, de la ou des personnes manipulatrices.

Quelques comportements manipulateurs

La technique du chaud et froid : déstabiliser et fragiliser

Cette technique consiste en une alternance de comportements gentils et doux avec d’autres comportements agressifs et brutaux. Ces changements d’humeur surprennent car ils sont en général soudains, inattendus et sans motif évidents. Ils ne font pas sens et semblent incohérents, il déroutent, surprennent, provoquent l’incompréhension, l’hébétude. Mis en œuvre de manières fréquentes et répétées, ils amènent à un état de choc.
Dans ces circonstances, la personne qui vit cette situation ne comprend pas ce qu’il se passe. Si elle a la fâcheuse tendance à beaucoup douter d’elle-même, à ne pas se faire confiance, à se sentir facilement coupable, elle va considérer que l’autre personne a peut-être de bonnes raisons de s’énerver. Elle ne sait pas, ne sait plus.

La contrainte paradoxale : créer la confusion mentale

La contrainte paradoxale consiste à donner à son interlocuteur un message contradictoire qui conduit à l’impasse : quoi qu’on fasse ou dise, cela ne conviendra pas.
Le paradoxe peut être dans un verbal tel que : « Ce n’est pas que je le veuille, mais tu dois m’écouter plus souvent » ; « C’est pour toi que je le fais. » La dimension d’obligation, de coercition est, bien que toujours présente, dissimulée derrière un message paré « de bonnes intentions ».

Une violence dans la durée, qui ne se montre pas

L’agression s’opère de manière très graduelle et dans la durée, sans laisser de trace visible. Une personne manipulatrice agit avec violence lentement mais surement. Cette déstabilisation fait penser à la fable « de la grenouille ».

Une grenouille est jetée dans une casserole d’eau brûlante. Elle réagit immédiatement au ressenti de la douleur. Elle parvient à sortir de la casserole en faisant un bond énorme, qu’elle n’aurait jamais réussi à faire en temps normal. La peur et la douleur ont décuplé ses forces.
Cette même grenouille et cette fois ci mise dans une casserole d’eau froide. L’eau commence à tiédir doucement. La grenouille ne réagit pas. Petit à petit, l’eau devient de plus en plus chaude. La grenouille s’y trouve de moins en moins bien mais elle a déjà moins de forces pour réagir, d’autant que le haut de la casserole lui paraît très haut, compte tenu des forces qui lui restent.
Quand l’eau devient bouillante, il est trop tard ; la grenouille est épuisée et n’a plus la force de réagir. Elle meurt dans des douleurs atroces.

Lorsqu’un changement s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction, ni opposition, ni révolte. Cette fable vise à mettre en garde contre une accoutumance ou habituation conduisant à ne pas réagir à une situation grave.

Utiliser la technique du bouc-émissaire pour asseoir son pouvoir sur un groupe

Dans un collectif, la personne aux comportements manipulateurs choisit les personnes, bouc-émissaires, sur lesquelles elle va axer sa violence.

Le(s) bouc-émissaire(s) est/sont la cible sur laquelle vont se défouler la personne aux comportements manipulateurs et ceux qu’elle a su rallier à sa cause, les suiveurs, les complices, les acolytes que la situation arrange.
Cette technique sert souvent, pour la personne aux comportements manipulateurs, à détourner l’attention du plus grand nombre pour pouvoir en parallèle asseoir son pouvoir et sa puissance. Elle est fréquemment utilisée lorsqu’on est en présence de cas de harcèlement en établissement scolaire ou entreprise. Elle est aussi utilisée à plus grande échelle : nation, planète. Ce sont alors des ensembles d’individus stigmatisés qui servent de personnes bouc-émissaires.

Pour sortir de ces phénomènes, il est d’importance de déplier les non-dits. Dans les groupes, la possibilité d’expliciter ou de faire expliciter les comportements, les attitudes, le non-verbal, les choix et les décisions de fait, etc. est essentielle pour déjouer les jeux pervers et manipulatoires, créer de la confiance et de la sécurité.
On note également une spécificité dans la façon dont la personne aux comportements manipulateurs fonctionne dans les groupes. Elle influence le groupe et se laisse influencer par lui. Car elle a besoin d’un autre, d’un complice, d’un témoin, d’un milieu où propager ses idées.
Et dans les groupes, un manipulateur peut en cacher un autre.

Pour aller plus loin

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Ma pratique thérapeutique est centrée sur la gestalt-thérapie mais pas seulement. Pour mieux me connaitre ou prendre contact par messagerie, consulter la page présentation.


Sources
Eiguer, A. (2003). Outrage à l’intimité. Revue française de psychanalyse, 67(3), pp. 857-871.
Gravouil, J.-F. (2013). Réguler un groupe : un enjeu majeur. Cahiers de Gestalt-thérapie, numéro spécial(2), pp. 117-128.
Warembourg, F. (2019). Sous emprise. France Libris.

Illustration mise en avant : Œuvre de Laurent FolcoL’oiseau porte un masque


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