Les dix principes de propagande utilisés pour nous faire accepter la guerre ont été synthétisés par Anne Morelli, professeure à l’Université Libre de Bruxelles. Son travail s’appuie sur celui d’Arthur Ponsonby (1871-1946) qui s’est intéressé aux mensonges inventés et propagés pendant la Première Guerre mondiale. La propagande vise à exciter les passions populaires et insuffler l’indignation et la haine aux différentes populations en présence.
1- « Nous ne voulons pas la guerre »
Et si tous les chefs d’État et de gouvernement souhaitent la paix, pourquoi parfois, et même souvent, des guerres éclatent tout de même ?
2- « Le camp adverse est seul responsable de la guerre. »
Ainsi, les propos pourront prendre la forme de : « Nous avons été contraints de faire la guerre, le camp adverse a commencé. Nous sommes donc obligés de réagir, en état de légitime défense ou pour honorer nos engagements internationaux…«
3- L’ennemi a le visage du diable ou “l’affreux de service”.
Une méthode simple consiste à encadrer de guillemets les mots “président”, “général”, s’agissant d’ennemis, ce qui mettra immédiatement en doute leur légitimité. Il faut diaboliser ce leader ennemi, “nouveau Hitler”.
Ce monstre est la plupart du temps très fréquentable avant le conflit, et même, dans certains cas, après la victoire ou la défaite.
La technique de diabolisation du leader ennemi est efficace et a malheureusement de long jours devant elle…
4- « C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers. »
La guerre n’est possible qu’avec le consentement de la population. Il faut la présenter comme le conflit entre la civilisation et la barbarie. Pour cela il faut convaincre l’opinion : cf le cinquième principe.
5- « L’ennemi provoque sciemment des atrocités ; si nous commettons des bavures, c’est involontairement. »
…Et lorsque l’on sait avoir fait de nombreuses victimes civiles chez l’ennemi, il est encore possible d’en attribuer la faute à l’ennemi en affirmant qu’il pratique une stratégie dite du “bouclier humain”.
6- « L’ennemi utilise des armes non autorisées.«
7- « Nous subissons très peu de pertes. Les pertes de l’ennemi sont énormes. »
8- « Les artistes et les intellectuels soutiennent notre cause. »
La propagande , comme toute forme de publicité se base sur l’émotion. Elle est le levier utilisé en permanence pour mobiliser l’opinion publique. Ainsi, il vaut mieux s’entourer de « professionnels” qui composeront cette publicité avec le plus d’efficacité.
9- « Notre cause a un caractère sacré. »
Pour rallier définitivement l’opinion à la cause de la guerre, il faut lui faire croire que notre cause n’a rien à voir avec les autres causes. Parce que notre cause à nous est infiniment morale. Pour tout dire, elle est sacrée et fait de notre combat une véritable croisade.
10- « Ceux qui mettent en cause la propagande sont des traîtres. »
C’est pourtant en temps de guerre, au moment où les erreurs des gouvernements peuvent coûter le plus cher, que la garantie de la liberté d’opinion pourrait être en mesure d’empêcher les gouvernements de nuire.
Alors, doit-on pour ne pas passer pour un traître, s’abstenir de toute opposition ? Ne peut-on être pour son pays s’il a raison, mais contre lui s’il a tort ? Enfin la justice et la vérité n’exigent-elles pas qu’on défende nos ennemis si on les accuse de crimes qu’ils n’ont pas commis ? Au risque d’être accusé de haute trahison…
Source
MORELLI Anne, Principes élémentaires de propagande de guerre utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède…Editions Labor. Bruxelles. 2001.